Les Industries Culturelles et Créatives en République Démocratique du Congo : un trésor à révéler

La République Démocratique du Congo (RDC) regorge d’une diversité culturelle exceptionnelle, souvent décrite comme un trésor caché. La musique, le cinéma, les arts visuels, la mode ou encore l’artisanat sont autant de domaines où la créativité congolaise s’exprime avec éclat. Ces formes d’expression, qui constituent les industries culturelles et créatives (ICC), représentent bien plus que des pratiques artistiques : elles sont des leviers de transformation sociale et économique pour le pays.

Une richesse culturelle foisonnante

La RDC se distingue par son patrimoine immatériel et sa diversité artistique. La rumba congolaise, reconnue par l’UNESCO en 2021 comme patrimoine mondial immatériel, illustre parfaitement cette effervescence. Des artistes contemporains de Kinshasa et de Lubumbashi repoussent les frontières de l’art africain en réinterprétant les symboles de la modernité et de la tradition. En parallèle, l’artisanat, à travers les masques sculptés ou les textiles traditionnels, reflète un savoir-faire ancestral qui mérite d’être mieux valorisé sur les marchés internationaux.

Les ICC comme moteur de changement

Au-delà de leur dimension culturelle, les ICC sont une opportunité économique majeure pour les États africains, représentant près de 3 % du PIB. En RDC, elles offrent une alternative prometteuse à une économie historiquement centrée sur l’exploitation des ressources minières.

Dans le domaine musical, les artistes congolais continuent d’attirer une audience internationale, tandis que les productions cinématographiques commencent à émerger, bien qu’à petite échelle. Les nouvelles technologies, telles que la réalité virtuelle et augmentée, ouvrent également des perspectives inédites, notamment pour la numérisation des patrimoines et la diffusion d’expériences culturelles immersives.

Les obstacles à surmonter

Malgré ces atouts, plusieurs défis freinent le développement des ICC en RDC :

1. Un accès limité aux financements : De nombreux créateurs peinent à concrétiser leurs idées faute de moyens.

2. Un cadre juridique inadapté : Les mécanismes de protection des droits d’auteur sont encore insuffisants, ce qui décourage les artistes.

3. Des infrastructures culturelles limitées : Le manque de théâtres, de studios et de galeries pénalise les créateurs.

4. Un déficit de formation : Les opportunités de se former aux métiers de la culture ou à la gestion d’entreprise restent rares, ce qui limite la professionnalisation du secteur.

Comment transformer le potentiel en réalité ?

Pour faire des ICC un véritable moteur de développement, plusieurs pistes d’action s’imposent :

• Renforcer les capacités locales : Créer des centres de formation adaptés aux besoins des acteurs culturels et artistiques.

• Faciliter l’accès aux financements : Mettre en place des fonds dédiés aux projets créatifs ou proposer des mécanismes de microcrédit pour les entrepreneurs culturels.

• Promouvoir les ICC à l’international : En soutenant la participation des artistes congolais à des événements mondiaux, le pays pourrait élargir son rayonnement culturel.

• Investir dans les technologies numériques : Exploiter les outils numériques pour moderniser les modes de création et de diffusion.

Des initiatives existent déjà pour soutenir cette transformation. Par exemple, le programme Création Africa, appuyé par le Fonds Équipe France Création (FEF Création) du Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères, renforce les ICC à travers le continent.

• Dans les régions de l'Est de la RDC, EclosionHub a mis en place un cadre pour soutenir les jeunes entrepreneurs culturels en leur offrant des outils pour réussir. En savoir plus.

• Kobo Art à Kinshasa, qui a initié le Kobo Art Festival (un festival dédié à la créativité congolaise, offrant un cadre d’échange, de partage et d’apprentissage entre les acteurs), Katalicc à Lubumbashi, Kivu Tech et La Pépinière à Bukavu.

Une vision pour l’avenir

Les industries culturelles et créatives ont le pouvoir de changer le visage de la RDC. En mettant en valeur son patrimoine tout en adoptant des pratiques modernes, le pays peut bâtir un secteur culturel dynamique, capable de générer des emplois et de contribuer à l’économie nationale. Mais cette ambition nécessite un engagement collectif. Chaque acteur, qu’il soit artiste, décideur politique ou simple citoyen, a un rôle à jouer pour faire des ICC un pilier de la transformation congolaise.

Par : Vincent ASANI (Coordinateur - EclosionHub)